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Les Souvenirs
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Fragile est le rêve
Ressurgissant du néant
A chaque moment
Tourbillonne lueur brève
Et d'un coup majestueux
Ressuscite l'image d'un passé enfoui
Nul besoin d'aller chercher loin ses souvenirs
Il suffit de fermer les yeux
Tout revient comme dans une course effrénée
Et magique le rêve devient réalité

Mars 1988
Tuyên                              

   
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Mes Béatitudes

Bienheureux ceux qui savent rire d'eux-mêmes ils n'ont pas fini de s'amuser.
Bienheureux ceux qui savent distinguer une montagne d'une taupinière : il leur sera épargnée bien des
tracas.
Bien heureux ceux qui savent se taire et écouter : ils apprendront des choses nouvelles.
Bienheureux ceux qui sont assez intelligents pour ne pas se prendre au sérieux : ils seront appréciés
de leur entourage.
Bienheureux êtes-vous si vous êtes capables de toujours interpréter avec bienveillance les attitudes
d'autrui même si les apparences sont contraires : vous passerez pour des naïfs mais la charité est à ce prix.
Bienheureux ceux qui pensent avant d'agir et qui prient avant de penser : ils éviteront bien de bêtises.
Bienheureux surtout vous qui savez reconnaître le Seigneur en tout ceux que vous rencontrerez : vous avez
trouvé la vraie lumière; vous avez trouvé la vraie sagesse.

Mars 1988 
Révérend Père Billaud


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Souvenirs .... souvenirs

J'avais loué un taxi jaune pour revoir Frater.
Il ne pleuvait pas, le soleil était généreux, mais la rue Nguyên Trãi était triste. Frater était triste.
Il ne pleurait pas dans mon cœur, mais presque...
Comment eût-il pu en être autrement ?
Frater, complice de toutes mes bêtises de jeunesse et témoin des meilleurs moments dans ma vie, avait l'air blasé et absent alors que j'avais réservé tant d'espoir pour ces retrouvailles. Me reprochait-il d'avoir été absent si longtemps ?
L'immeuble blanc ancien, symbole de Frater et jadis si majestueux dans la cour, a aujourd'hui une façade jaune. Le blanc allait si bien avec nos chemisiers blancs que nous, les garçons, rechignions, à faire rentrer dans nos pantalons. Par contre, nos charmantes camarades, plus coquettes, avaient toujours le chemisier dans leur jupe.
Je ne voyais pas les marchands ambulants d'antan. J'espérais qu'une quelconque raison les avait seulement déplacés vers un autre endroit, mais il fallait bien me rendre à l'évidence au bout de vaines recherches : ces marchands n'exercent plus. Qui se rappelle de ces braves marchands qui enchantaient nos récréations et nos sorties d'école ? Qui ne se souvient pas de ces verres rouges de "dâu dõ", de ces rouleaux de "bô biá", de ces inimitables bananes frites qui émerveillaient nos palais ?
Dans le taxi qui m'emmenait loin de Frater, sans raison, je me mis à en vouloir au temps, dont le seul tort était de passer trop vite...

Mai 1993
Mathieu
 

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Mon Cher LINH,   Linh 1985.jpg (30660 octets)

La première fois que j'ai vu ton nom c'était au tableau d'affichage de l'école Au Lac, une de ces institutions de Saigon qui se servaient de toi pour s'attirer la clientèle des élèves suivant l'enseignement français. Je me demandais quel était le prétentieux assez imbu de lui-même pour oser exposer un devoir modèle sur Pascal le lendemain de l'épreuve du baccalauréat.
Puis à la lecture, j'ai senti que je devais mettre chapeau bas devant toi et placer l’auteur au rang d'un Pham Duy Khiêm à la prose si limpide et à l'esprit si subtil. Je n'avais cessé de tarabuster mon ami Tan, professeur de mathématiques; notre ami commun pour qu'il me fasse faire ta connaissance. Nous avons tout de suite sympathisé, élevés tous deux dans la même culture, tous deux aussi incompris l'un que l'autre.

Nous partagions le même mépris de ces "directeurs" adorateurs du "veau d'or", mais tenus par les contingences matérielles, nous étions obligés de nous plier aux exigences de ces "marchands de soupe" bourrés de "diplômes" à l'effigie de "Tran Hung Dao" qui prétendaient nous imposer leurs idées "pédagogiques" nous demandant de corriger soigneusement les dissertations, hebdomadaires" de classes d'examen de plus de cent élèves...

Puis, nous nous sommes perdus de vue pendant quelque temps. Tu avais disparu subitement sans doute excédé par les récriminations de nos pédagogues "avertis''. Puis un beau jour, tu as refais surface à Fraternité et quelle joie fut la nôtre de nous retrouver.

Bientôt notre, ami Lam, "hiérarque de la discipline" me parlait en secouant la tête d'un air désabusé de tes "frasques", favoritisme de M. BRUN qui s'obstinait à te garder malgré tes "scandaleuses bouteilles de bière ou de whisky" ingurgitées avant les cours ou après. Comprenait-il que ton âme sensible "d'écorché vif" avait besoin de se retrancher du monde réel bassement matérialiste pour "planer dans les sphères de la philosophie".

Tu y menais en effet des élèves par les cours d'autant plus étincelants que tu avais plus de carburant dans le... "nez". M. BRUN a le mérite de t'avoir compris et les élèves ne se plaignaient pas et certains mêmes t'apportaient du "super" ayant remarqué les différences de qualité de cours "avec" et des cours "sans". Ils ont encore en mémoire le souvenir de tes cours merveilleux et plus d'un te doivent leur réussite dans les épreuves du baccalauréat.

Qui pourra te reprocher de chercher dans la "Dive Bouteille" la vérité philosophique, la pure beauté esthétique. Rimbaud "carburait" bien à l'absinthe, son pendant oriental Ly Thai Bach n'a jamais écrit de plus beau vers que quand il était dans les vignes du seigneur. Reproche t'on à BALZAC de se doper au café ? L'inspiration est une déesse exigeante et capricieuse et on n'accouche de belles œuvres que dans la souffrance ou dans les paradis artificiels. Ne te jette la pierre que ceux qui n'ont jamais connus les affres de la création artistique.

Les évènements nous ont séparés et quand je l'ai revu en France, M. BRUN m'a parlé de toi, de tes lettres écrites dans ce style pétillant comme le champagne et cet humour qui te caractérisent, j'ai deviné à travers l'ironie avec laquelle tu rapportes tes malheurs, ton amertume et ton inquiétude de l'avenir. Serons-nous tous deux toujours des incompris, êtres hybrides, ne trouvant notre place ni en Orient, ni en Occident.

Tu es parti, hélas ! après une longue maladie, cloué sur ton lit et je devine tes souffrances d'être diminué physiquement, regrettant peut-être de ne pas avoir pu faire la preuve de tes capacités. Non, tu n'as pas été inutile dans ta vie : tes élèves sont là qui l'attestent et le disent bien haut.

Quel plus bel éloge pour un enseignant d'entendre lorsque la cloche sonne la fin du cours, la classe s'écrit "déjà". Je ne connais que toi et ton collègue Jean-René PELTIER à qui cela est arrivé.

Repose en paix où que tu sois ou plutôt sur ton petit nuage blanc, regarde de ton air goguenard ceux qui se démènent comme des fourmis dam une fourmilière. Ton âme de philosophe saura trouver le côté amusant de la chose et en attendant de te retrouver là-bas, je t'envoie mon salut le plus affectueux.

TCHENG

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