frater.jpg (7109 octets)          Association  Fraternité  Saigon  -  Cholon  (Bác Aí)

 

Bulletin N° 24
Février 2002

 

Mes Chers Amis,

Nous tournons la page sur laquelle s’est inscrit le premier chapitre de notre millénaire pour entrer dans l’année 2002. Le Cheval va faire son apparition au moment où le Serpent rentrera sous terre. Il est difficile de se voiler la face devant l’évidence : l’événement de 2001 qui restera dans les manuels d’histoire de la planète, aura été la destruction des deux tours de New York ; puis pour l’Europe l’entrée dans l’ "Euro ". Pour ce qui concerne ce dernier, les médias nous ont fait durant la plus grande partie de l’année, à longueur de jours et d’émissions, trembler avec des commentaires plus dramatiques les uns que les autres. Plus que d’autres, les Fraterniens étant de grands voyageurs, savent que lorsque l’on franchit une frontière, on change de monnaie et dans les minutes qui suivent il faut bien s’adapter. Les premiers jours de l’année nous démontreront que tous ces pronostics pessimistes et catastrophiques n’étaient en réalité qu’une grosse bulle de savon et nous permettront de cesser de fantasmer sur ce passage du vieux franc – et de toutes les vieilles monnaies européennes dont la plus ancienne (la grecque) a plus de 2000 ans d’existence – au jeune euro.

Mais, revenons aux évènements de 11 septembre 2001 à New York. A en juger par tout ce qui a été dit, écrit et montré, il ne fait aucun doute qu’il restera dans nos manuels d’histoire. Et pourtant en l’analysant, on peut s’interroger sur les justifications que nos descendants donneront à l’importance qu’actuellement nous lui attribuons. Si l’on se place sous l’angle de la durée, les différentes phases de ce drame se dérouleront en moins d’une heure ; nous sommes loin des guerres de cent ans, de trente ans, de quatre ans en 14/18, de six ans en 39/45. Si l’on considère le nombre de victimes – autour de 3 000 – l’écho nous rappelle les dizaines de milliers à Conventry le 14/11/40, des Dresde le 13/02/44, les 60 000 morts d’Hiroshima, 75 000 de Nagasaki. Les grandes tueries de notre Histoire effectuées en quelques heures comme la Saint Barthélémy, feront entre 2 000 et 3 000 morts à Paris et autant dans le reste de la France. Je n’évoque que les violences dues à la volonté de l‘homme sans parler des évènements naturels comme l’éruption volcanique en Colombie en 1993 qui fera 23 000 morts en quelques minutes. Ce n’est donc ni dans la durée ni dans le nombre des victimes qu’il faut considérer l’impact. D’une part, pour la première fois, c’est en direct que la planète entière assiste à un tel carnage décuplant le choc émotionnel ; d’autre part, ce " défi " jeté à l’Occident ajoute à la cruauté et à la barbarie de l’acte, la blessure de l’amour propre. L’occident est littéralement " provoqué ". Une puissance – la plus puissante du monde – capable d’entendre et d’enregistrer les conversations de toute la planète, de reconnaître du haut de centaines de kilomètres dans le ciel un objet de quelques centimètres sur la terre, un Etat dont la courte histoire ne comporte aucune attaque venue de l’extérieur, se trouve agressé par une petite poignée d’hommes déterminés. Ce n’est même plus le combat de David contre Goliath, mais de Lilliput contre les Géants. Il est impossible dans le cadre d’un éditorial d’approfondir, d’analyser tous les aspects d’un tel événement. Les médias selon les pays, les sensibilités diverses du monde, des idéologies contradictoires en donnent plusieurs approches. Les mots s’entrechoquent – Terrorisme – Guerre sainte ; monstruosité et barbarie – Héroïsme ; lâcheté - bravoure ; la solidarité américaine ressoudée en face de la haine fanatique exacerbée et réjouie. Il est évident qu’aucune réflexion utile ne peut se développer " à chaud " mais cependant tout aussi évident est le fait que cet acte pose un certain nombre de questions auxquelles il n’est pas toujours possible de répondre, en tous cas ni ici ni maintenant, car il n’y a pas une réponse admise unanimement, mais des réponses contradictoires – conflit de civilisation, fanatisme religieux – écrivent certains, réaction et sursaut des pauvres contre des riches, des faibles contre les puissants… Il suffit de lire les expressions telles que " l’arme nucléaire du pauvre "… Nos esprits occidentaux ont toujours tendance à vouloir appliquer des règles mathématiques. La géométrie nous démontre que le plus court chemin d’un point à un autre est la ligne droite… Combien rares sont les vies qui sont une ligne droite ! ! ! L’algèbre nous enseigne que x+ y = z. Combien de problèmes dans la vie impliquent pour trouver z d’additionner plus de lettres que n’en contient l’alphabet … J’ai relevé sous la plume d’un éditorialiste l’expression " le terreau du terrorisme ". Or, l’amoureux du jardin que je suis a d’abord été quelque peu choqué par l’expression. Quoi de plus noble que le terreau à qui nous devons nos plus beaux légumes et nos plus éblouissantes fleurs. Et cependant l’analyse de la composition du terreau confirme la justesse du terme. Feuilles mortes, tontes de gazon, déchets végétaux divers, déchets de cuisine, cendres de bois, voire déjections animales… Tout ce qui est voué à la décomposition qui aboutira à ce merveilleux fertilisant est loin d’être noble, mais le devient ô combien en quelques mois, même s’il peut aussi aider au développement de plantes vénéneuses… Je ne tirerai que deux leçons de ces évènements, d’abord qu’un des problèmes majeurs auquel les états modernes sont confrontés est à la fois mal abordé et mal résolu. L’attaque de New York nous montre que même des " intégrés " titulaires de diplômes universitaires, vivant selon le mode de vie américain, " occidentalisés ", peuvent devenir des terroristes et accepter de mourir pour la cause à laquelle ils croient et utiliser leur formation et la liberté que leur offre la démocratie dans ce but.
Une deuxième leçon ressort de cette prise de conscience du rôle irremplaçable de l’homme face à la machine et à la technique. Les services de renseignements américains se croyant les meilleurs du monde – ce qui est " techniquement " probablement vrai – ont oublié qu’on ne peut dans beaucoup de cas pas remplacer l’homme. Cette constatation me ramène à notre pays et à un événement qui me touche particulièrement puisqu’il concerne l’Education. Le Ministre de l’éducation vient de décider d’accorder à tous les établissements scolaires un logiciel, selon les termes du ministre " leur permettant de gérer la violence scolaire ". Autrement dit nous allons " organiser " l’irresponsabilité en faisant traiter le problème le plus grave actuel par une technologie sensée remplacer les règles et les éducateurs. Encore une fois nous assistons à l’élimination de l’homme en face de la " technique ", et à son éloignement de la responsabilité. Consolons-nous en pensant à toutes les promesses que nous allons entendre dans notre pays en 2002 à l’occasion des élections présidentielles.
Nous allons être assurés que nos enfants vont naître " retraités " et que nous mourrons en parfaite santé. A force d’interroger et notre raison et notre cœur on ne peut que souhaiter améliorer le monde et changer l’homme… Vaste programme auquel notre meilleure volonté ne peut guère apporter de solution sinon nous inciter à la patience en espérant que le temps y pourvoira. Toutefois notre participation à l’amélioration du monde peut au moins concerner la sphère dont nous avons le contrôle à commencer par nous-mêmes. En réponse à cette interrogation, je ne retiendrai du siècle écoulé, encore si proche de nous, que le très bref message –délivré lors de la seule interview qu’il eut le temps de donner – du pape Jean-Paul 1er dont le pontificat ne dura que 30 jours ; à la question " Que faire pour changer le monde ? ", il répondit " être bon ".
Et si des 2000 ans de christianisme, il y avait à résumer les milliers de livres, d’admonestations, d’encyclopédies, et s’il fallait y ajouter les leçons du bouddhisme et de toutes les doctrines qui ont visé à améliorer l’homme et à rendre notre terre un peu plus habitable, quelle meilleure synthèse trouver que ces deux mots " être bon "… La seule difficulté réside dans la mise en pratique. Que l’année du Cheval apporte à tous les Fraterniens et à leur famille SANTE, PROSPERITE, BONHEUR. Ce sont les vœux que de tout cœur je vous adresse à tous en mon nom personnel et au nom de l’ensemble du Conseil d’Administration.

Le Président
Michel BRUN

 

NOS DEUILS


Je viens d’apprendre le décès de Madame GRANDJEAN, épouse du Président Philippe GRANDJEAN qui fut durant les années 1950 le dernier Président du Conseil d’Administration du Lycée Franco-chinois, avant que ce dernier devienne Collège Fraternité ; il se trouve être de par nos statuts, à ce titre, Président d’honneur de notre Association.

Au nom du Conseil d’Administration et des Fraterniens – en particulier des anciens du Lycée Franco-chinois, je tiens à présenter à Monsieur GRANDJEAN nos sincères condoléances et l’assurer de la part que nous prenons à sa douleur.

Madame Monique POITTEVIN, qui fut plusieurs années institutrice dans les classes primaires du Collège Fraternité est décédée le 4 novembre 2001 à l’âge de 65 ans. Elle a laissé le souvenir d’une enseignante compétente, consciencieuse, dévouée et souriante.

Nous tenons d’assurer à Guy POITTEVIN et ses enfants de la part que nous prenons à leur peine.

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