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Association Fraternité Saigon - Cholon (Bác Aí) |
Bulletin N° 23 Février 2001 |
Mes chers Amis,L'envol du dernier feuillet du calendrier
2000 ne va sans doute pas mettre un terme à la polémique concernant la date exacte du
passage dans le nouveau millénaire. Essayons de ne pas nous laisser fasciner par les
chiffres. A en juger par tout ce qui se dit et s'écrit, à minuit du 31 décembre la
Terre va changer son sens de rotation .... Si c'était le cas nous n'aurions même pas le
loisir de nous en apercevoir, le choc nous transportant directement dans l'autre monde
.... Soyons sérieux ; la vie va continuer avec son lot de résidus de la période écoulée et vraisemblablement un autre lot de novations et de transformations. C'est l'éternel balancement du couple " Tradition - changement ". Les bonnes années et les bons siècles sont ceux où est maintenu l'équilibre entre les deux; l'un assurant l'enracinement sans lequel il n'y a plus ni feuille ni fruit ni développement harmonieux, le second devant avoir pour objectif constant l'amélioration, la croissance, le perfectionnement, l'évolution de ce qui existe. Comme l'écrit un économiste contemporain: " La nouvelle économie repose essentiellement sur son intégration dans l'ancienne ". Il en est de même dans tous les domaines. Cet idéal est malheureusement trop rarement atteint, l'homme ayant tendance, surtout depuis les deux derniers siècles du millénaire, à appliquer la célèbre formule : "du passé faisons table rase ". Et pourtant si l'on étudie l'exemple pas si lointain de la " Révolution française ", la leçon aurait dû nous "vacciner". Cette première " table rase " qui durera plus d'une décennie n'aura pas seulement provoqué l'effondrement du régime monarchique, l'usage généralisé de la guillotine comme moyen moderne de rééducation, les noyades de Vendée, les massacres de femmes et enfants par les colonnes infernales et les destructions innombrables sur l'ordre de Turreau, avec la bénédiction de Robespierre ; les flèches de la cathédrale de Notre-Dame et de la Sainte Chapelle et celles de beaucoup d'églises de France sont détruites sur ordre des autorités "en signe d'égalité". Le refrain d'un chant révolutionnaire donne le "la " de l'époque : "Tout à la même hauteur, voilà le vrai bonheur ". C'est le tribunal révolutionnaire qui réplique au grand savant Lavoisier avant de l'envoyer à la guillotine : "la République n'a pas besoin de savants ". Au nom de l'égalité, Condorcet pose le principe que le langage séparant les hommes en deux classes, il faut interdire toute autre langue que le Français devenu à l'image de la République unie et indivisible, l'unique ; en parler une différente est "trahir " la patrie. La Constituante de 1790 crée un comité pour l'éducation dans lequel Talleyrand élabore un projet remarquable. C'est Condorcet qui devant l'Assemblée législative en fera le rapport dans un style d'un lyrisme dithyrambique créant sur le papier des écoles dans le moindre village de la République, dans les vallées et les montagnes. La Convention se rallie au rapport et décrète l'obligation de nommer dans toutes les écoles des enseignants "dans les dix jours " et d'enseigner immédiatement, exclusivement en langue française les Droits de l'homme. Or les congrégations ayant été dissoutes, interdites et dispersées, c'est la presque totalité des écoles qui se trouvent sans maître. On recrute donc ce que l'on peut et un "simple certificat de civisme républicain " suffit. Ainsi se trouvent promus des tenanciers de café, des fossoyeurs de cimetières, des cordonniers et autres artisans alors pratiquement illettrés. De plus dans nombre de départements on ne parle pas le Français : Flamand dans le Nord, italien dans le sud-est, basque ou catalan, alsacien, etc .... La loi ne sera donc appliquée ni dans les dix jours ni dans les dix mois .... Ce n'est qu'à partir de 1802 avec l'arrivée de Napoléon que la situation commencera à se redresser. Il n'en déclarera pas moins à Montholon en 1820 à Sainte Hélène,: "En 1804 quand j'ai mis la couronne sur ma tête, quatre vingt seize Français sur cent ne savaient pas lire ". Dans son livre sur l'alphabétisation des Français, Ozouf comparant la période 1781/1790 à celle de 1816/1820, constatera l'important recul de l'instruction dû à l'effondrement de la période révolutionnaire. Il suffit de lire Chateaubriand à son retour en 1800 qui nous décrit ses impressions de voyage entre Calais et Paris puis en province avec l'immensité des destructions, l'étendue de la misère, le délabrement dans lequel la France a été plongée. Les récits des voyageurs étrangers, entre autres allemands et anglais de l'époque, confirment et précisent une multitude de détails sur l'étendue de la catastrophe. Cela n'empêchera pas par la suite la "Divinisation " de la Révolution qui empêchera cet exemple de servir de leçon. La vision de notre siècle nous le démontre. La révolution soviétique s'inspirera de la française, ... avec le même succès. La Chine avec le Grand Bond en avant, les communes populaires, la révolution culturelle, voudra aussi faire "table rase du passé " au nom d'un "Rêve " idéal qui se transformera en un cauchemar auquel Deng mettra progressivement fin. Au Cambodge Pol Pot, formé intellectuellement et idéologiquement en France, voudra " faire mieux " que les révolutions étrangères et rêve de créer un nouveau peuple en exterminant l'ancien .... Toutes ces révolutions ont en commun le même idéal de nivellement égalitaire, toutes veulent l'abolition des privilèges, mais aboutissent toutes dans la réalité au maintien des anciens privilèges ou à leur remplacement par de nouveaux mais en en changeant tout simplement les titulaires. En France, la dernière secousse fut celle de mai 68, bref accès de fièvre, sans effusion de sang et sans grandes répercussions politiques, mais aux conséquences économiques et morales extrêmement graves et que nous n'avons pas fini de payer avec l'écroulement des valeurs qui étaient les fondements de notre civilisation. Le fameux slogan : " Il est interdit d'interdire " aboutit à une permissivité quasi générale. Comme l'écrit avec un certain humour l'un des trois principaux leaders de cette époque, monsieur Sauvageot : " en prônant la fin du "métro-boulot-dodo" nous avons déjà abouti à un résultat partiel ... la fin du boulot". Mais avec l'avènement des médias télévisuels dont l'immense misère intellectuelle et le narcissisme impénitent occultent la vérité, on a transformé aujourd'hui un groupe de rêveurs immatures, de casseurs de vitrines et d'incendiaires de voitures en valeureux anciens combattants. Si l'on analyse l'origine du phénomène et ses résultats on arrive vite à cette évidence que certains esprits sont montés si haut dans l'utopie irrationnelle qu'ils sont atteints d'un vertige qui les précipite dans le " vide ". On perd alors de vue l'importance de notre affiliation à une histoire, de la transmission d'une conscience et d'un langage hérités, de notre capacité de vivre assemblés et de nous perpétuer d'une génération à l'autre en obéissant à ce que Platon appelait déjà " le projet d'immortalité ". La vraie question est comment vivre ensemble en harmonie, c'est-à-dire baignant dans des convictions communes, des principes partagés, des certitudes admises, des projets définis, le respect des interdits fondateurs, des fidélités héritées, le tout assumant la cohésion. Bien sûr, il ne sert à rien de " déplorer " la destruction de ce qui fut des millénaires durant un gisement arrivé à épuisement. Il est également utopique et illusoire de parler de " Restauration " devant l'amplitude des bouleversements. Il est évident qu'il est inutile voire impossible de ne pas adhérer aux temps qui viennent, mais sans soumission préalable ni renoncements. Nous ne rapatrierons pas la tradition sans la réinventer et ce n'est pas en s'abritant derrière le rideau de papier de la déclaration des droits de l'homme constamment brandie ou secouée, même et surtout par ceux qui l'appliquent le moins, que nous améliorerons le monde. Le vingtième siècle nous a montré les diverses interprétations du Droit avec Hitler, Staline et beaucoup d'autres plus petits mais non moins efficaces. La réalité est que nos sociétés tentent de combler le vide dans lequel elles sont tombées par un recours de plus en plus tatillon et obsessionnel au droit. On cherche à pallier l'absence des repères détruits par l'édification de règles .... Mais ces règles ne servent à rien face à des intervenants qui ne connaissent même plus la notion d'interdit ni celle de la ligne jaune qui sépare la liberté de la licence. Quel travail pour les éducateurs et surtout pour les éducateurs d'éducateurs ... travail d'autant plus titanesque que le développement de la science a été tel depuis plus d'un siècle que l'approfondissement de la connaissance a entraîné son éparpillement. Il est désormais à peu près impossible d'être un bon généraliste de la science. La spécialisation rendue de plus en plus indispensable créé de plus en plus de " borgnes " car plus un il se développe plus l'autre s'éteint. Pouvons-nous anticiper sur le siècle qui vient ? Etant plus prophète de la veille que du lendemain, je ne m'y risquerais pas. Combien durera-t-il ? Drôle de question, direz-vous. Pas si drôle puisqu'un historien contemporain constate: " Ce siècle n'aura duré que 75 ans, puisqu'il a été inauguré par un coup de revolver et aura fini par un coup de pioche. Le coup de revolver fut tiré le 28 avril 1914 à Sarajevo par un étudiant serbe contre l'archiduc héritier du trône impérial d'Autriche-Hongrie. Il déclencha la première guerre mondiale où fut englouti l'ancien monde. Le coup de pioche lui fut porté le 8 novembre 1989 sur le béton tagué du Mur de Berlin, dont la destruction symbolisera l'implosion du projet communiste " 75 ans .... D'ailleurs peut-on encore faire des projets alors que le savant astrophysicien Hubert Reeves nous annonce: "la disparition de la Terre est planifiée; l'avenir des Terriens est compté! Leur seule chance de survie est de mettre en uvre de nouvelles technologies... ". Pour tranquilliser les cardiaques, je vous précise tout de suite que le délai de disparition fixée par notre savant est d'environ 5 milliards d'années. Il y a peu de chance que notre retraite puisse arriver jusqu'à là ... - quoique ... - les progrès de " l'écologie " augmentent nos chances de survie, puisque l'armée américaine a décidé de supprimer le plomb dans les balles de fusils d'assaut afin d'uvrer à la protection de la nature .... Un tel souci de notre santé, et une telle délicatesse ne peut que nous rendre optimiste puisque même si nous mourons d'une telle balle nous échapperons au " saturnisme " dans l'autre monde ... Je conforterai cet optimisme en relisant avec vous un texte de Confucius qui vécut lui aussi une période troublée qui finalement a bien des points communs avec la nôtre : " l'originalité du temps des anciens était liberté ; celle d'aujourd'hui est licence. La fierté du temps des anciens était intégrité, celle d'aujourd'hui est la hargne -. la naïveté, du temps des anciens était droiture, celle d'aujourd'hui est la fourberie ". Voilà un enseignement qui après 2500 ans n'a pas vieilli ; mais s'il n'est pas trop difficile d'enseigner la vertu, il l'est beaucoup plus de multiplier les vertueux, surtout lorsque ceux qui dirigent la société ne la cultivent pas. Essayons d'être l'exception .... Que l'année du Serpent apporte à tous les Fraterniens et à leur famille SANTE, PROSPERITE, BONHEUR. Ce sont les vux que de tout cur je vous adresse à tous en mon nom personnel et au nom de l'ensemble du Conseil d'Administration. Le Président Nouvelles Fraterniennes Rassemblement à Los Angeles J'ai reçu mi-novembre une invitation téléphonique d'un ancien
du Lycée le docteur Robert Auduon m'invitant à un grand rassemblement des anciens du
Lycée Franco-chinois devenu Collège Fraternité. Près de 400 anciens participent à ce
rassemblement inoubliable. Le Plus ancien était de la formation 1938 du Lycée
Franco-chinois. Un grand merci au Docteur Auduon et à son épouse pour leur invitation et
l'accueil chaleureux et plus qu'amical, affectueux qui m'a été réservé ainsi que tous
les autres qui m'ont " chouchouté " durant ces quatre jours. Nouveau Christophe
Colomb, j'ai découvert l'Amérique pour la première fois, mais en n'y voyant
pratiquement que ... la Chine ....Dès que nous aurons reçu le compte-rendu détaillé,
nous le publierons dans notre Bulletin. Nous recevons régulièrement le Bulletin de l'Association au
Canada que la dynamique Présidente Françoise Ho nous adresse. En voici un extrait : Enfin, les premiers scouts chinois sont arrivés à Montréal !
Dans l'optique d'assurer le développement du cercle des " Fraterniens ", aussi
inspiré par la nécessité de la responsabilité sociale envers notre communauté, après
des mois d'informations et de préparation, l'AFC est fière de vous annoncer le lancement
depuis le 10 août 2000 du programme de scoutisme aux jeunes de la communauté chinoise,
avec en particulier la collaboration de 3 anciens scouts "Ky Hoa" dont Monsieur
Giang Ha, son épouse Mme Tran Le et Mme Tran Le Kim agissant respectivement en tant que
vice-président animation, animatrice des scouts et animatrice des louveteaux.
Nouvelles de lan 2000
Rassemblement à Paris |
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NOS DEUILS | |
Nous avons appris avec peine la disparition de Marie Duboz (Nguyen Thi Nhan) qui fut durant plus de dix ans une institutrice particulièrement compétente et dévouée. Tous ses anciens et anciennes élèves des 7èmeA successives auront à cur d'avoir une affectueuse et reconnaissante pensée pour elle. | |