frater.jpg (7109 octets)           Association  Fraternité   Saigon  -  Cholon  (Bác Aí)


Bulletin N° 22
Janvier 2000

 

Descartes ! Reviens...

Pourquoi cet appel à notre illustre philosophe national dont on ne célèbre l'anniversaire ni de la naissance ni de la mort ? C'est un cri spontané qui m'est venu devant l'irrationnel qui se développe dans notre pays. La France, patrie de Descartes, pays du cartésianisme et qui se veut peupler de cartésiens, s'affirmant tels aussi bien entre eux qu'en face des étrangers, sort totalement de la logique et de la raison.

C'est dans un grand quotidien que s'étale sur cinq colonnes ce titre " Les platanes responsables de 23 % des accidents ". Voilà plus de cinquante ans que je pilote un véhicule à quatre roues, après avoir commencé par un deux roues - en l'occurrence un vélo solex -, première étape sur la voie de l'embourgeoisement en matière de transport... Or je n'ai jamais vu un platane foncer sur mon véhicule; comme tout le monde, il m'est arrivé de connaître des conducteurs qui, après une soirée de fête, avançant à vive allure et croyant voir deux platanes, ont essayé de les éviter en passant entre les deux, s'écrasant contre le troisième qu'ils n'avaient pas vu, victime d'une illusion d'optique fréquente sous l'influence de l'alcool ....

Bêtement, comme vous tous, j'en suis sûr, je considérais le conducteur comme responsable, s'il avait provoqué des dégâts, voire coupable s'il y avait des victimes. Grave erreur. Le responsable, c'est le platane ... Aussi un arrêté préfectoral décide de l'abattage des platanes ... Il fallait y penser. Un automobiliste s'écrase contre le mur de votre maison, un arrêté préfectoral fera détruire la maison, pour éviter tout risque de récidive. Mais pourquoi devrai-je accabler un pauvre conducteur puisqu'un ministre inculpé dans l'affaire du sang contaminé déclare: " inutile de chercher des responsables et des coupables, alors que le seul responsable c'est le virus du sida ". Transposons dans le domaine du transport, le vrai coupable n'est-il pas la voiture. La solution la plus radicale pour supprimer les accidents est donc la suppression de l'automobile. On s'y essaie. Comme l'a déclaré notre ministre de l'environnement: " Il faut que les citadins se réapproprient l'espace urbain dont l'automobile s'est emparé ". Le grand responsable et le grand coupable de tous les maux n'est ni le conducteur ni le fabricant, ni l'industrie pétrolière, c'est la voiture. Alors on nous entraîne et c'est ainsi que nous avons pu savourer cette journée sans véhicule à moteur ...

Vous êtes vous promenés ce jour-là place de la Concorde ... Quel calme! Dommage qu'il n'y ait plus ni fiacres ni diligences, car il faut tout de même se déplacer et il arrive un âge où il devient difficile de traverser Paris avec son vélo sous le bras (si j'ose m'exprimer ainsi). On pourrait peut-être aussi évacuer les habitants de Paris. Quel rêve ! Plus de chewingum sur les trottoirs ni de déjections d'animaux, de mégots, de papiers gras, de boîtes de coca-cola et de cartons Mac Donald avec quelques restes de frites. On pourrait s'asseoir au pied de l'obélisque et méditer dans le silence.

Mais la réalité se charge de nous sortir de notre rêve. A peine les voitures sont-elles revenues, qu’avec elles débouchent les cortèges de lycéens ; notre chère progéniture exige le " zéro défaut ", promis d'ailleurs par le Ministère de l'Education avec en plus " pas de classes sans enseignants ", ce que Monsieur de la Palice n'aurait pas renié, car le mot " classe " implique l'addition d'un enseignant et d' "apprenants " (le mot élève risquant, paraît-il, d'être perçu psychologiquement par les enfants comme une infériorité traumatisante en face de l'adulte). Mais on nous répète sans cesse qu'il y a pénurie d'enseignants. Or je lis dans un journal qu'à Toulouse une professeur d'allemand, prénommée Magali, a depuis la rentrée un poste, mais pas d'élèves car " ils ne sont pas assez nombreux pour créer une classe ". Alors cette enseignante fera de la documentation et de la surveillance toute l'année.

Le cas est probablement une exception, diriez-vous ! Que non! J'en connais plusieurs, et d'ailleurs si vous avez un ami Rue de Grenelle, allez donc vous promener dans les couloirs du Ministère et bavardez avec les membres de ce " Mammouth ", vous découvriez nombre d'agrégés de lettres, de philo, de physique, des certifiés et des instituteurs - devenus professeurs d'école ! - qui occupent un bureau. Si vous êtes introduit et appartenez au club des initiés, vous pourrez même y déguster un bon café et croquer des gâteaux secs. Mais il n'y a pas qu'au Ministère que vous trouverez des enseignants qui n'enseignent pas. Il y a les assurances telles MAIF, MGEN et puis les syndicats où les professeurs sont " détachés " tout en restant rémunérés par le Ministère. Il y a aussi les enseignants " manquants ". Comme le fait remarquer de façon toute courtelinesque le Rectorat de Toulouse : " Ces postes sont budgétairement pourvus, donc ils existent. Cependant pour des raisons diverses les enseignants nommés pour les occuper ne s'y sont pas présentés ". Congés de maternité, congés de maladies dus au traumatisme de la fin des vacances exigeant une transition entre la fin de la détente et la reprise en douceur de son activité. Et puis il y a ceux qui refusent le poste parce que trop éloigné de leur domicile. Mais tout le monde se retrouve à la manifestation pour l'amélioration des conditions de travail (mais jamais pour une plus grande et meilleure " volonté de travail "). Il est vrai que le mot travail a de moins en moins d'attrait, il est tout doucement en train de remplacer la paresse dans les sept péchés capitaux. Les enseignants qui refusent d'être notés et contestent les jugements portés sur eux par les inspecteurs et leurs supérieurs concernant leur travail ne devront pas s'étonner de voir les parents d'élèves et élèves critiquer ou contester les avis qu'ils portent eux-mêmes sur les enfants, perdant ainsi toute autorité. Après avoir durant des siècles prônés le jour de repos hebdomadaire, puis être passé progressivement aux deux jours de repos hebdomadaire, nous nous acheminons lentement vers le jour de travail hebdomadaire en attendant la retraite à la naissance !. Essayez après cela de raconter aux enfants que " le travail est un trésor ", ils vous riront au nez. On pourrait par contre essayer de prendre au mot nos chers " apprenants " sur le défaut zéro en exigeant d'eux la même chose : zéro violence à l'école, zéro destruction et détérioration, zéro agression d'enseignants. Mais qui en aura le courage surtout lorsque fréquemment le contexte en retire la possibilité. Vous allez m'accuser de pessimisme ! Bien sûr le pire n'est jamais certain, l'humour noir est peut-être un moyen de faire réfléchir et la réflexion nous ramène au thème que j'aborde avec prédilection et souvent au risque de me répéter: " la Responsabilité ". Vous me reprocherez d'en faire une obsession, mais si vous êtes un tout petit peu bricoleur, même seulement " du dimanche ", vous savez qu'on n’enfonce jamais un clou d'un seul coup de marteau, alors vous excuserez-la répétition de mes frappes.

Avec mes plus affectueuses pensées à tous les Fraterniens et mes meilleurs vœux de santé, prospérité et bonheur à l'occasion de l'entrée dans le nouveau millénaire.

Le Président
Michel BRUN

 

                                    ACTIVITES FRATERNIENNES

              RASSEMBLEMENT A MANILLE

Le rassemblement organisé par l'Association KY HOA des anciens scouts d'origine chinoise du Vietnam, dont le noyau est formé de beaucoup d'anciens Fraterniens, a eu lieu cette année aux Philippines, après celui de Mexico il y a deux ans.
Grâce à notre ami Christophe LA et à Billy BOOM et son agence ARIANE TOURS, j'ai pu intégrer le groupe et partir pour un voyage qui restera inoubliable dans ma mémoire. Informés de mon vol vers Manille au départ de Hongkong, où j'ai passé quelques jours auprès de ma fille Agnès attachée au Consulat, le groupe du Canada en transit m'a réservé à l'aéroport un accueil chaleureux et affectueux qui m'a profondément touché. Après tant d'années, l'expression d'une telle fidélité et d'une si évidente affection m'a été droit au cœur. Et puis durant les huit jours de notre séjour aux Philippines, tant à Subic Bay qu'à Manille et pendant les excursions en mer et sur les îles, puis dans la jungle, la délicatesse, la sollicitude affectueuse de tous les anciens n’ont fait que conforter ces impressions et sentiments.

A tous, je dis un grand merci, car nous avons pu ainsi revivre ensemble des moments de notre vie- à Fraternité, enfouis dans notre mémoire et notre souvenir et qui ont ainsi rejailli et démontré la solidité et la permanence des liens fraterniens. Le prochain rassemblement aura lieu dans deux ans en Australie. Nous aurons l'occasion d'en reparler afin que le groupe de France puisse comme cette année, retrouver ceux de Nouvelle-Zélande, Australie,
Malaisie, Taiwan, USA, Canada etc ... sans oublier le groupe des Philippines dont j'ai pu découvrir l'importance et le dynamisme.

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