frater.jpg (7109 octets)           Association   Fraternité  Saigon  -  Cholon  (Bác Aí)

 

Bulletin N°16
Octobre 1996
 

 

Bien Chers Amis,

Beaucoup d'événements ont jalonné la période écoulée depuis notre dernier bulletin. Nous venions alors d'entrer dans l'Année du Rat. Comme chacun le sait, cet animal est accusé de transporter les pires maladies : peste, choléra et j'en passe...
Mais surprise ! ce n'est pas par lui que cette année sera marquée, mais par la vache devenue folle. Comme les Gaulois craignant que le ciel leur tombe sur la tête, les Ex-gaulois que sont devenus les Français se sont mis à paniquer devant cette vache fléau : plus de beefsteak, plus d'abats, bientôt plus de lait, ni de beurre. Devant l'irrationnel décuplé par des médias indubitablement contaminés, inutile de suggérer qu'il y a presque autant de chance d'être atteint de la maladie que de se trouver entraîné par l'éboulement d'un pont sur lequel on se promène ou happé par un train en traversait une voie désaffectée. Qui a dit : "les Français ne prennent rien au sérieux, mais tout au tragique?". Savez-vous qu'un conférencier suisse du nom de Rudolf Steiner disait dans un exposé du 13 janvier 1923, publié la même année à Genève, dans un recueil "Santé et maladie", : "Que se produirait-il donc si, au lieu de végétaux, le bœuf se mettait à manger de la viande ? Le bœuf se remplirait notamment d'acide urique et d'urate. Or, l'urate a, quant à lui, des habitudes particulières. Cette substance a un faible pour le système nerveux et le cerveau. Si le bœuf mangeait directement de la viande, il en résulterait une sécrétion d'urate en énorme quantité; l'urate irait au cerveau et le bœuf deviendrait fou...". Je pense que si ce texte est tombé dans mes modestes mains, il n'a pas pu être ignoré de la multitude des gens beaucoup plus compétents que moi et spécialisés dans le domaine de la santé. Alors pourquoi n'a-t-on pas pris au "sérieux" cet avis ? Cela nous eut évité de prendre au "tragique" les effets de cette méconnaissance. Mais lorsque la Science mal comprise tue le "Bon Sens" chez nos chercheurs, qu'une pression inouïe s'exerce sur les responsables économiques, pour lesquels d'énormes profits sont en jeu et justifient tous les risques, que leur impunité est quasiment assurée, puisque, au pire, ils seront "responsable mais pas coupable", tout est possible. Durant très longtemps l'appât du gain a été freiné par des principes moraux. La société d'aujourd'hui est devenue malade par le rejet de ses repères. Il n'y a plus de Bien, ni de Mal, et malheur à celui qui parle de Morale (substantif) ou de moral (adjectif). N'avons-nous pas entendu, il y a peu, à la télévision un ancien Premier ministre ricaner : "Certains veulent nous taire retourner à je ne sais quel ordre prétendu moral... ". Alors, adieu les règles qui "régulaient" la vie de notre société parce qu'elles déterminaient et précisaient ce qui était permis et ce qui était interdit. Sous couvert de libéralisation, Mai 68 a imposé ce nouveau dogme. "Il est interdit d'interdire" et celui qui le premier a lancé cette phrase à la Sorbonne est aujourd'hui député européen.

Ceux qui voudraient arrêter cette dérive sont impuissants et désarmés. Nous assistons à une entreprise systématique et organisée de démolition des valeurs qui furent les nôtres durant des siècles.

Ecoutez ou regardez les émissions de radio et de télévision dites de "divertissement". Vous constaterez que nos "amuseurs" s'appliquent à démolir, ridiculiser, salir, soit les préceptes, soit les institutions, soit les hommes qui essaient encore d'être un rempart à la décomposition. Quelques exemples : (un jeune qui vole dans un supermarché, c'est moins grave que de s'en mettre plein les poches comme le font tous les hommes politiques" (c'est moi qui souligne tous). Je poursuis : à propos du Pape et des "bonnes sœurs", des plaisanteries absolument obscènes que je préfère ne pas citer dans cet éditorial, à propos de 1'homosexualité : clarification et prosélytisme pour "l'initiation précoce à la différence et au plaisir".

Depuis plusieurs mois, les profanations de cimetières se multiplient. Mais pourquoi tolère-t-on la publication d'albums de bandes dessinées vendues à prix modérés, et qui sont de véritable manuel de profanation de cimetières à l'usage des jeunes qui veulent s'y "amuser"? Ces albums sont signés du pseudonyme "Pierre Tombal" dont le dernier en date a pour titre "Cas d'os surpris".

Venons-en aux associations subventionnées : à l'occasion dit Sidaction, on apprend que l'état a versé plus de 131 millions à 107 associations, en plus des 155 millions de la collecte de 1995, alors que l'Association des Polytransfusés atteints du sida par accident, victimes du scandale du sang contaminé, n'a droit ni à une subvention ni à participer aux émissions de télévision, la plupart des autres servent à la diffusion de plaquettes et de brochures qui font ouvertement campagne en faveur de l'homosexualité avec des illustrations et des commentaires d'une crudité difficilement supportable.

J'ai déjà évoqué dans un précédent éditorial le groupe NTM. Le fait de donner l'autorisation à une association de porter un nom aussi provoquant (Nique Ta Mère) est déjà choquant. J'avais signalé le disque sur la "Haine" vendu à 80 000 exemplaires. Aujourd'hui, c'est 250 000 exemplaires vendus de "Police" dont on peut extraire ":Comment peut-on prétendre défendre l'Etat, quand on est soi-même en état d'ébriété avancé, souvent mentalement retardé. Le portrait type, le prototype du pauvre type. Police Machine Matrice d'écervelées mandatés par la justice sur laquelle je pisse... Donne-moi des balles pour la police municipale". Ce groupe est programmé dans tous les grands festivals de l'été en France comme en Europe...

Que dire de la hiérarchie des valeurs ? Un seul exemple : un joueur de football d'Auxerre transféré au Club de Lyon se voit attribuer le salaire mensuel de 440 000 Francs, plus primes de matches... Dans le même temps, un chef de clinique de CHU, c'est-à-dire l'élite de nos jeunes médecins ou chirurgiens, après 10 ans d'étude et sélection, gagne en moyenne 15 000 Francs. Si l'on sait que la Ville de Paris verse chaque année une subvention de 35 millions au PSG et que beaucoup d'autres villes de France font, à des niveaux divers, la même chose pour leur club, on comprend mieux la grogne des quelques 1 000 chefs de clinique de l'Assistance Publique pour lesquels la répartition d'une telle subvention apporterait une amélioration facile à calculer.

Les Romains réclamaient "du pain et des jeux", la version moderne pour la France est "RMI et Football".
Si je cite tous ces exemples, c'est pour aider à une prise de conscience. On parle constamment de pollution de l'air qui atteint nos poumons, nos bronche, notre cerveau, notre cœur, en un mot, notre corps. On parle trop peu de la pollution de l'esprit et de l'âme. Les médias nous décrivent à l'envie les méfaits de la première, très peu nous parlent de la seconde. Il faut des événements comme l'affaire Marc Dutroux pour mettre en lumière le degré de gangrène de notre société dans laquelle on trouve du côté de la politique, de la justice et de la police des complicités. Ce n'est que la partie visible de l'iceberg.


Mais, il ne suffit pas de constater les dégâts. Encore faut-il chercher comment mettre un terme à la chute et remonter la pente. La morale, comme les mathématiques, n'existe pas en injection intramusculaire ou intraveineuse. Il a fallu des dizaines de siècles pour imprégner le monde du confucianisme, du bouddhisme, du christianisme. Il a suffi de quelques dizaines d'années pour les réduire et les affaiblir. Il faudra du temps, beaucoup de temps pour le sursaut. Comme disait Lyautey : "raison de plus pour commencer tout de suite". D'abord sur le plan général, remettre en valeur dans tous les domaines, la sélection. A tous les postes de responsabilité, il est indispensable de vérifier le niveau intellectuel et moral de ceux qui auront autorité sur leurs concitoyens. Je sais que je suis en plein contre-courant. Mais à mon modeste niveau, je l'ai expérimenté à Fraternité et vous vous en souvenez. Les examens de niveau qui permettaient de regrouper les meilleurs, sans nuire, bien au contraire, aux plus faibles, puisque classés selon leurs lacunes, on leur donnait davantage d'heures pour remonter la pente. Et on y arrivait.

Voici mes Chers Amis, un bavardage en famille que m'a suggéré l'actualité. Je sais que les Fraterniens sont hors de cause, ne jouent aucun rôle dans la décadence actuelle. Mais c'est justement à ceux qui sont restés ferme dans le droit chemin, d'être solidaires et éclairés pour freiner, faire barrage et participer à l'œuvre de refoulement de la mauvaise vague.

Je ne sais plus qui a prophétisé que finalement "le monde sera sauvé par un petit nombre". Soyons de ceux qui appartiennent à ce petit monde.
Avec mes plus affectueuses pensées.

Le Président
Michel BRUN


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